Le Centre de Santé a été inauguré en juin 1948. Il se situait sur la Place, bien en vue, en centre-ville.
Voici comment il était présenté, quelque temps après sa mise en route, par Henry PRINCE, Maire d'Hussein-Dey:
Pour tous nos amis et administrés d'Hussein-Dey, les bâtiments du Centre de Santé figurent parmi les constructions familières, rentrant dans le champ de leurs quotidiennes habitudes. Les enfants de nos écoles s'y acheminent en longues files sous la conduite de leurs maîtres. Sachant y trouver une réponse à leur angoisse et des apaisements à leurs maux, les malades y viennent chaque jour plus nombreux.
Elément actif de notre vie municipale, le Centre a conquis, pouvons-nous écrire, droit de cité. Il le doit à l'atmosphère dans laquelle il fut créé, aux cent mille consultations données en moins de deux ans, aux espoirs que porte en elle une institution de cette nature.
Notre commune d'Hussein-Dey fut la première en Algérie à construire un centre de santé. Nous revendiquons d'autant plus cet honneur aujourd'hui, que seuls les artisans de la réussite savent combien, pour aboutir, il fallut vaincre des résistances à tous les échelons de la vie publique. Et si M. Moline, l'actuel Directeur de la Santé, applaudit dès le premier jour à l'énoncé du principe, et nous aida par la suite de toute la sagesse de ses conseils et du grand appui de son assistance, il nous faut bien reconnaître en toute honnêteté que l'accueil réservé à notre projet en d'autres sphères ne fut pas toujours encourageant.
Les choses s'expliquent d'ailleurs. Claude Bernard avait coutume de dire qu'avant de faire la science il fallait y croire. Pour certains hommes nos prétentions semblaient démesurées. NOS AMBITIONS DEPASSEES. Pensez donc… Pénétré des besoins de nos populations travailleuses, de ses misères physiologiques, de ses difficultés économiques, les promoteurs du Centre affirmaient leur intention d'y porter remède non pas seulement suivant la méthode classique de l'Assistance, mais en PREVENANT LA MALADIE, en la DEPISTANT, en S'INTERESSANT A L'ENFANT DES SA CONCEPTION, en le prenant sous leur protection dès son berceau. Il ne s'agissait plus seulement de soigner selon les normes classiques, il fallait doter le Centre d'un cerveau, d'un cœur, d'une âme. Il fallait protéger l'enfant sur le plan physiologique. Mais il fallait aussi demeurer en liaison avec ses maîtres. Prévenir certaines tares. Combler certaines lacunes. Il fallait des examens, des analyses, des mensurations. Il fallait un fichier, des tests, une gymnastique corrective. Et, aussi, non seulement examiner les enfants au Centre, mais encore les suivre dans leurs classes, dans leurs foyers, dans leurs jeux. Les parents devaient se sentir rassurés. Les enfants devaient prendre conscience de leur être, de leur devenir. LES BASES MEME DU CORPS SOCIAL CHANGEAIENT. A l'isolement trop souvent déprimant se substituait la solidarité effective. On ne s'intéressait plus seulement à l'être touché par la maladie. La collectivité se penchait avec sollicitude sur chacun de ses membres. Elle entendait non pas soigner mais préserver. Non pas guérir, mais prévenir. Il ne s'agissait pas entre l'ancienne et la nouvelle méthode d'une différence quantitative de soins, mais plutôt la concrétisation d'une nouvelle espérance.
Cela semblait disparate, hasardeux. Comment ne pas douter?
Le succès fut pourtant éminemment rapide. A peine quelques semaines et à cette initiative répondirent de tous les horizons les meilleures bonnes volontés. Elles se situaient dans le monde médical, le corps enseignant et le personnel administratif à tous les échelons de la hiérarchie. Ce généreux élan provoquait une sorte d'esprit de corps, pétri d'altruisme, de dévouement, du sentiment puissant et durable de travailler avec clairvoyance pour les générations à venir.
Lorsqu'on a raison, le succès n'est qu'une question de temps, professait Waldeck Rousseau. Il faut croire nos raisons bien évidentes et la nature humaine meilleure qu'on ne le suppose parfois pour que le succès du Centre se soit manifesté aussi rapide. Que tous ceux qui contribuèrent et qui contribuent à cette réussite soient ici remerciés. Leur expérience quotidienne leur enseigne mieux que tous les discours les heureuses conséquences de leur tâche. En modifiant les corps, ils bonifient les cœurs. Créant des rapports sociaux plus aisés, ils rendent la vie sociale plus agréable. En notre époque tourmentée, l'individu peut-il envier tâche plus belle? Pour tous ceux de nos collègues Maires qui envisagent de créer à leur tour un Centre de Santé, n'est-ce point là perspective encourageante entre toutes?
Pour nous qui avons à charge les destinées de cette ville d'Hussein-Dey que nous aimons, le Centre de Santé représente une grande réalisation. Nous le disons aussi simplement que nous le pensons. Une grande réalisation entre cent autres que nous entendons toutes faire passer dans les faits. Nous avons dénombré ce qu'il faut de stades, de jardins, de garderies, de plans de verdure, d'écoles, d'habitations claires, aérées, confortables. Nous travaillons à cette tâche avec la foi qu'on nous connaît.
Nous savons la relativité de notre effort. Nous savons aussi ce qu'il contient de grand quand il s'emploie à nous placer au dessus de notre condition, quand il s'efforce de situer notre vie sur un plan supérieur, quand il apporte un peu de bien-être à tous.
Venant de tous les horizons politiques, des cœurs ardents et désintéressés nous aident. En d'autres termes, sur d'autres plans, en d'autres lieux, des efforts semblables se déploient aussi. Nous formons ensemble un des aspects du courant généreux et profondément humain qui entend apporter aux hommes une VIE DEBARRASSEE DES ANGOISSES TERRIBLES DE L'ISOLEMENT QUI MINE, de la DETRESSE MORALE QUI DETRUIT, de la MISERE PHYSIOLOGIQUE QUI DIMINUE. Avec le minimum de phrases nous essayons de donner à notre action son maximum d'efficacité.
Tous les hommes de bonne volonté sont avec nous. Qu'ils sachent ici j'ai pour eux d'affectueuse gratitude.
Le Centre de Santé demeure pour le corps médical est pour nous une juste fierté.
Henry PRINCE
Maire d'Hussein-Dey
L'inauguration en 1948
![]() Le Ministre, Gouverneur-Général de l'Algérie E Naegelen, accompagné du Dr Mattéï, Directeur du Centre de Santé et de H Prince, Maire d'Hussein-Dey |
![]() Les autorités à l'inauguration |
Le Fonctionnement du Centre de Santé
par le Docteur Mattéï
Le Centre de Santé d'Hussein-Dey est la première formation sanitaire de ce genre qui fonctionne en Algérie ; nous pourrions dire en Afrique du Nord.
Inauguré au mois de Juin 1948, il a été réalisé par une Municipalité ardemment intéressée au problème de la Médecine Sociale, sous l'impulsion d'un Maire dont l'énergie a pu vaincre tous les obstacles. Le Centre de Santé englobe tout ce qui a trait à la médecine sociale et à la médecine des soins : Bureau de Bienfaisance Service d'Hygiène - Service d'Assistance.
14 médecins, dont un radiologue et un chirurgien-dentiste et deux sages-femmes, assurent les différentes consultations qui comprennent :
Médecine générale - Médecine infantile - Prénatale - Gynécologie - Chirurgie - Urologie - Phtisiologie - Oto-rhino L - Ophtalmologie - Dermato-Vénérologie – Neuro-Psychiatrie - Stomatologie - Le Service d'Hygiène Scolaire.
Enfin une consultation de dépistage des tumeurs fonctionne depuis quelques mois.
Plus de 100.000 consultations ont été données depuis le 1er juillet 1948.
D'importants résultats ont été obtenus dans le Domaine du dépistage de la tuberculose, de la lutte antivénérienne et du dépistage des tumeurs.
Le Centre de Santé permet d'autre part de réduire considérablement les frais d'hospitalisations qui constituent une charge écrasante pour la Commune.
L'expérience du Centre de Santé d'Hussein-Dey est décisive.
Toutes les grandes agglomérations algériennes devraient être, à notre avis, dotées d'un Centre de Santé.
Docteur J.-B. MATTEI
Médecin principal de la Santé Directeur du Centre de Santé.
Le hall d'entrée
La Doctoresse PUJOL en consultation de dépistage
Créé en 1942, interrompu au début des hostilités, le Service d'hygiène scolaire remis en fonction en 1946, n'atteint son plein et efficace développement qu'à l'ouverture du Centre de Santé de notre commune.
La protection de la santé des enfants soumis à l'obligation scolaire est d'une utilité primordiale. Dans bien des cas l'inertie, l'ignorance, la nég1igence, la misère seront autant de raisons qui feront que le médecin de Famille ne sera pas consulté ou d'une façon trop irrégulière. D'où l'intérêt d'une médecine sociale qui profite de ce que l'école groupe la presque totalité de l'enfance et de l'adolescence pour veiller sur la métamorphose que va subir l'enfant pour devenir adulte: période cruciale qui va influencer la santé physique et morale de l'existence toute entière, période pendant laquelle le développement du corps et de l'esprit aboutit à l'épanouissement optimum de l'individu dans la société.
LES ATTRIBUTIONS DU S.H.S.
De plus à tous les échelons, les services de l'hygiène scolaire doivent col1aborer intimement avec les services de la Santé publique afin d'aider à l'application en milieu scolaire des grandes mesures prophylactiques édictées par les autorités sanitaires au titre de la lutte contre les épidémies.
LE PERSONNEL
Il est constitué à la base par le médecin examinateur scolaire, assisté de 3
adjoints.
Les adjoints suivant leur goût et leurs aptitudes ont des attributions particulières tandis qu'elles effectuent par roulement les tranches de travail le plus courant afin de conserver une certaine diversité dans leur fonction
Et les cours de gymnastique
corrective
qui n'ont pas laissé toujours d'excellents souvenirs...
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